Il y a quelques semaines j’ai eu la chance d’aller visiter la classe de Marie. Marie est maîtresse depuis 10 ans, elle a d’abord testé le cycle 3 puis le cycle 2 avant de jeter son dévolu sur la maternelle. Elle a toujours voulu faire ce métier et quand on l’entend parler de son travail, on comprend tout de suite que c’est une passionnée ! Marie enseigne dans une école privée et j’ai trouvé très intéressant d’avoir la chance de visiter son école. Pour elle cela correspond à un vrai choix. Elle a connu enfant les écoles privées et elle a toujours aimé le côté « petite famille », la proximité avec les parents, la solidarité qui y est pratiquée. Jusque là je ne connaissais pas du tout l’enseignement privé et je suis très curieuse des différentes pratiques d’enseignement donc je pense que la diversité ne fera qu’enrichir cette rubrique.
Marie enseigne dans une classe de grande section et elle adore ce niveau. Elle apprécie leur autonomie, leur curiosité sans pour autant subir une trop grosse pression des programmes comme c’est le cas à l’élémentaire. Elle se sent plus libre à la maternelle. Ce qui la passionne c’est la curiosité insatiable de l’enfant. Elle aime mener un projet avec eux et s’en servir comme support pour toute l’année. Dans son école, les projets sont choisis en équipe à chaque rentrée et ils servent de fil conducteur toute l’année. Elle parle encore avec nostalgie de l’année où ils avaient choisi la mythologie.
Cette année le thème était Le tour du monde et il a guidé la classe de Marie tout au long de l’année en servant de support d’apprentissage. Ils ont suivi les route de l’aéropostale, le transsibérien… Ce qu’elle aime c’est partir avec eux justement, ils apportent toujours de l’imprévu et lui permettent d’aller plus loin avec eux. Marie se réjouit de ne jamais s’ennuyer dans sa classe, elle sait que chaque journée sera différente.
Son coin préféré c’est le coin écriture. Les élèves peuvent y accéder librement. Ils ont plein de matériel à disposition : des lettres découpées, des règles à lettres, le référentiel des alphas, des étiquettes avec tout le vocabulaire étudié en classe, des tampons lettres… C’est aussi un coin que les élèves apprécient beaucoup. Ils y pratiquent l’écriture intuitive.
Marie, en bonne maîtresse qui se respecte est la reine de la débrouille ! Elle partage avec nous ses petites astuces pour le matériel. Alors ne la jugez pas, elle a une légère addiction aux étagères Ikea Trofast (je pense que c’est une pathologie commune chez les maîtresses). Elle a d’ailleurs demandé à son mari de lui fabriquer de nouveaux supports en bois pour installer de nouveaux bacs.
Pour ranger son matériel d’une part.
Pour installer les ateliers autonomes d’autre part.
Elle a également fabriqué des formes à dessin Montessori, version récup, option débrouille. De la même façon , elle prépare à chacun de ses élèves, son prénom en lettres rugueuses grâce à une peinture relief trouvée chez Action saupoudrée de paillettes.
Pour les lettres mobiles, elle a eu l’idée d’utiliser des restes de carrelage ou de pâte de verre. Je ne parle même pas des boîtes de Kusmi Tea, je crois qu’on est toutes pareilles ! J’aime beaucoup aussi les ardoises du marché recyclées en ardoises pour le graphisme.
Les glands trouvés chez Action, soit dit en passant, elle ne serait pas contre un partenariat avec l’enseigne.
Dans l’école de Marie, les enfants utilisent des serviettes en tissu à table (et je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué à mettre en place ? si certaines écoles y arrivent pourquoi pas toutes !?).
Pour donner vie à sa classe Marie ne recule devant rien, enfiler un boubou africain, installer une tente berbère pour fêter les anniversaires, tout est possible ! Elle aime aussi beaucoup chanter avec eux, elle organise tous les jours un temps de chorale en groupe classe et ses élèves adorent « chanter avec les autres des chansons tristes ou joyeuses car leur coeur bat pareil pareil »
Marie a trouvé une alternative aux barquettes de cantine, elle a investi dans différents types de contenants qu’elle a étiquetté avec la charte qu’elle a choisi pour son année autour du monde. D’ailleurs elle dépense de sa poche entre 40 et 50€ par mois pour sa classe : Ikea, Le bon coin, Action..
Marie propose un Haïku tous les jours à ses élèves et c’est un rituel qu’ils réclament. Même si elle a des élèves en difficultés, Marie a conscience d’enseigner à un public privilégié. Ses élèves et leurs parents sont vraiment acteurs de la vie de la classe et de l’école. Ils lui amènent des albums sur les thèmes travaillés en classe, des magazines, ou fabriquent même des bouteilles de retour au calme.
Après le mari, c’est donc la maman de Marie qui a mis la main à la pâte pour réaliser Poucette. Et je ne parle même pas du fils qui a dû prêter son blouson d’aviateur, décidément c’est une affaire de famille ! D’ailleurs Marie trouve parfois que ce métier est assez invasif sur la vie de famille. Il lui prend beaucoup de temps et d’énergie. Elle travaille au moins une heure chaque soir pour préparer sa classe et environ 3 heures tous les Dimanches.
Avec les années, ce qu’elle trouve le plus difficile c’est la relation avec les parents. Etant en fin de cycle, elle se retrouve parfois à avoir des annonces difficiles à faire aux parents et c’est difficile pour elle. Elle se projette en tant que maman et cette empathie est parfois lourde à porter.