Je ne la connais pas très bien. Je l’ai croisée quelques fois et puis nous avions bien accroché comme on dit. Le genre de fille qui deviendrait une bonne copine, pétillante et créative. Le genre de fille qu’on a envie de revoir parce qu’on a des choses à partager, des points communs… Des points communs justement plus que l’on aurait imaginé. Il y a quelques mois j’ai reçu un message de Mathilde. Elle m’annonçait sa nouvelle grossesse et ce nouveau garçon aussi. Celui qui bouleverse déjà les sentiments de cette petite maman. Je me suis tout de suite revue en elle évidemment et c’est sans doute pour ça qu’elle se confiait à moi… La nouvelle a dû être « digérée » depuis mais j’avais quand même envie de lui répondre, ici parce que ce n’est pas la seule à m’envoyer ce genre de messages et puis c’est aussi une façon de revenir sur ce qui s’est passé depuis.
Chère Mathilde,
J’ai bien lu ta lettre et sache que je comprends très bien ce tourbillon d’émotions pour l’avoir vécu moi même. Je sais que cette déception à l’annonce du sexe est difficile à vivre alors à avouer, n’en parlons pas! J’ai vécu les mêmes sentiments ambivalents : le bonheur d’être à nouveau parents d’un enfants en bonne santé, la déception aussi et toute la culpabilité qui va avec. Je peux te dire maintenant qu’après avoir lu tous les commentaires sous mon billet, nous sommes bien loin d’être les seules. Elles me promettaient que je l’aimerai autant que le premier, que je serai heureuse d’accueillir ce nouveau petit garçon. Alors oui, je pourrai te dire la même chose Mathilde, tout va rentrer dans l’ordre, c’est vrai tu seras heureuse de l’accueillir, vous trouverez chacun votre place dans cette nouvelle vie à quatre, c’est vrai. Mais ce que j’ignorais c’est que j’allais être surprise. Ce nouveau petit homme a bouleversé nos vies. J’imaginais qu’avoir un deuxième petit garçon c’était avoir une nouvelle fois cet enfant que j’adorais, évidemment c’était impossible d’imaginer que je l’aimerai autant. Sauf que, j’ai surtout eu un AUTRE enfant et dès le début il a annoncé la couleur, il n’y a qu’à voir ses cheveux d’ailleurs! Garçon ou fille, il est différent de son frère et c’est tout le bonheur de cette nouvelle rencontre.
Tu sais, j’avais une image assez négative des fratries de garçons, moins soudées, plus violentes… J’avais autour de moi ce genre de références et je ne voyais même pas les fratries de filles qui passent leur temps à se crêper le chignon. Finalement j’ai assez vite compris que ce n’était pas une fatalité et que en tant que parents (de filles ou de garçons), nous étions les mieux placés pour instaurer le climat que nous voulions dans NOTRE famille. Je me surprends encore aujourd’hui à les voir jouer ensemble tendrement, oui tendrement… J’adore les voir se retrouver après l’école, le grand cajole le petit, quand le grand n’est pas là, le petit le cherche partout et puis ils commencent à se faire rire mutuellement, c’est tellement bon! Et puis peut-être qu’ils te surprendront à ranger leurs voitures comme un arc-en-ciel ou à jouer aux poupées avec leur doudous (« Tu peux lui faire un gilet maman? »). La reproduction des stéréotypes on en parlera une autre fois d’accord? Tu verras Mathilde, la vie de famille avec des garçons n’est pas condamnée à ressembler à une guerre de tranchées! Nous essayons de mettre en place un climat de tendresse et de bienveillance les uns envers les autres et ça semble fonctionner. Parfois je me dis que j’invente ma propre façon d’être maman de garçons alors qu’avec une fille j’aurais été dans la reproduction.
Comme toi, j’ai creusé la question, pourquoi ce désir de fille était-il si fort? Et comme toi, ça a réveillé beaucoup de choses en moi. Je peux dire aujourd’hui que cette introspection m’a aidé à grandir et me connaître mieux. Peut-être même être une meilleure maman? Et puis après tout devenir parents c’est la plus grande épreuve de lâcher prise que la vie nous offre. Dans notre société qui veut tout maîtriser, la parentalité nous (ré)apprend dès le début qu’on ne peut pas tout contrôler. Avant même que le bébé soit là, tu comprends que c’est déjà une petite personne bien affirmée. Elle n’est pas celle que tu attendais/imaginais au fond de toi mais elle te surprendra et c’est une divine surprise que tu savoureras plus tard.
Enfin Mathilde, je voudrais te parler d’un dernier point plus léger qui m’inquiétait : et ma féminité dans tout ça? Est-ce que la mère de garçon est condamnée à s’habiller en Décathlon pendant que ses garçons se battent en s’aspergeant avec sa crème de jour? Tu devines ma réponse? Je dois bien le dire, ce que les autres mères de garçons disent (je ne les croyaient pas non plus!) et ben c’est vrai! Oui c’est vrai, tu seras la reine dans ton royaume. Ils seront peut-être jaloux les uns des autres, mais ils seront tous là à t’aimer, te cajoler, te flatter… Laisse moi te dire qu’avec trois regards amoureux sur toi, tu te sentiras plus belle et féminine que jamais!
Je sais aussi que tu t’inquiètes pour ton accouchement, mais je crois qu’encore une fois il te surprendra. Laisse le te guider vers cette rencontre et oublie ce que tu as vécu pour le premier. Je te souhaite une belle rencontre, fais toi confiance Mathilde…
Je t’embrasse tendrement,
Maëva
PS : En pensant à toi et à cette lettre aujourd’hui, j’ai raconté à mon fils qu’avant de les avoir lui et son frère, je voulais des filles parce que j’imaginais que c’était mieux. Il m’a demandé si j’avais oublié cette idée depuis. Je lui ai dit que oui. Oui, j’ai oublié cette idée mon chéri.