Christine est maîtresse depuis qu’elle a 21 ans, elle en a 58, je vous laisse faire le calcul. Vous l’aurez compris, c’est une maîtresse qui a de la bouteille ! Quand je l’ai contactée pour venir faire un portrait de classe, elle m’a dit « Tu sais, je suis une vieille maîtresse ! ». Que nenni ! Vous connaissez beaucoup de maîtresses de 58 ans qui font du roller et savent jongler avec des massues ?
Christine a une classe de moyens. Elle a fait de l’élémentaire pendant plus de 15 ans, elle a eu le temps de faire tous les niveaux. Elle a même été maîtresse dans un cirque pendant deux ans. C’était pour elle un moment très important de sa vie de maîtresse. Elle avait une classe unique de la maternelle à au CM2, tout en aidant les grands à suivre les cours du CNED pour le collège. Dans ce cadre très spécial, elle partageait beaucoup plus avec ses élèves, elle leur faisait même la lecture le soir. Elle a d’ailleurs gardé contact avec plusieurs d’entre eux qui l’invitent encore à leurs spectacles et se souviennent des lectures de Conan Doyle…
Christine est une maîtresse énergique, les parents l’ont vite remarqué ! Elle rit beaucoup avec ses élèves mais ne manque pas de fermeté ! Elle a vu évoluer ses petits élèves depuis le début de sa carrière, elle dit en rigolant que les enfants d’aujourd’hui parlent beaucoup mais n’écoutent pas beaucoup pour autant !
Christine est passionnée de calligraphie et elle fait souvent du graphisme avec eux. Elle m’a d’ailleurs présenté la technique du Monotype que je ne connaissais pas. Je partage donc ces images avec vous. Il suffit de déposer une couche de peinture au rouleau sur un morceau de lino avant de venir le gratter avec une spatule ou tout simplement avec les doigts. Ensuite on vient appuyer la feuille dessus et le dessin s’imprime dessus. Je vais vite essayer ça dans ma classe !
Donc ce que Christine préfère c’est le graphisme, mais aussi le sport qu’elle pratique tous les jours avec ses élèves. D’ailleurs elle adore les emmener à la piscine. Ce qui l’anime aussi c’est de partager des choses avec ses élèves, chercher de nouveaux albums, leur présenter… Par contre, ce qu’elle trouve le plus dur, c’est le bruit.
Christine travaille encore beaucoup en dehors des heures de classe. Elle essaie toujours d’améliorer ses séquences même si elle trouve confortable de profiter de l’expérience des années. Elle est à l’école une heure avant la classe pour faire ses préparations et travaille en moyenne 3h tous les dimanches matin. Par contre, ne comptez pas sur elle après la classe, elle est épuisée.
En ce moment dans la classe de Christine, ils travaillent sur l’Amérique du nord. Elle a donc aménagé un coin sur ce thème avec ses élèves. Christine dépense beaucoup moins de sa poche qu’en début de carrière. Avant elle achetait beaucoup d’albums de sa poche. Maintenant elle essaie de se faire rembourser ses achats par la coopérative la plupart du temps.
Le coin préféré de Christine c’est son coin écoute. Les élèves peuvent choisir eux-mêmes les disques et après elle les aide à les mettre. Ils aiment beaucoup y aller. Elle nous conseille d’ailleurs la collections « A petits petons » si vous ne connaissez pas. Elle est assez contente de l’astuce trouvée par l’agent de mairie pour accrocher les casques, un petit joint sur une équerre et le tour est joué. C’est le genre de petits détails que j’adore dans une classe. L’inventivité et la débrouille au service des enfants.
Dans l’école de Christine, les élèves ont des outils qui les suivent sur les trois années de maternelle comme cet album à bouger.
Et ce cahier de mots.
Mon moment préféré de ces portraits de classes (bon OK pour le moment il n’y en a eu que 2!), c’est l’astuce débrouille/recyclage. Aujourd’hui je vous montre donc les tampons réalisés par Christine avec des motifs indiens. Un peu de mousse, de cartons, un cutter, c’est à la portée de toutes les maîtresses !
Et j’adore aussi son idée de préparer des pochoirs à partir des albums sur lesquels elle travaille (ici Les musiciens de Brême). Elle les découpe au cutter dans de vieux classeurs en plastiques. Les élèves les utilisent ensuite en autonomie.
J’aime aussi beaucoup son travail sur les compléments. Ici la maison du quatre, toujours avec les personnages des musiciens de Brême.
Christine fabrique beaucoup d’outils pour ses élèves, mais il paraît qu’elle est un peu comme moi, toquée du découpage. Il faut que ce soit bien fait !
Celui là aurait été un parfait Youpi mercredi ! Toujours sur le travail de l’album des musiciens de Brême, une maison pour chaque famille d’animaux pour apprendre à connaître les noms des femelles et des petits. Pour ce qui est des étiquettes, elle utilise désormais le logiciel gratuit C’est pour vous qui lui permet de faire toujours le même format d’étiquette. Il leur a également permis d’uniformiser les étiquettes au sein de l’école.
Et en bonne maîtresse, elle a une passion barquettes de cantine, elle en a dans toutes les tailles !
Christine partira à la retraite l’année prochaine. Elle se sent fatiguée mais pas blazée. Même si elle aime ce boulot, elle fait le triste constat que les élèves privilégiés comprennent toujours plus vite et les autres ont toujours des difficultés malgré tous ses efforts. Même si elle est convaincue qu’elle leur apporte quelque chose, elle trouve ça triste. Moi aussi. Elle dit se sentir toujours responsable quand un élève est en échec et c’est vraiment le plus dur dans son travail. Elle dit que ça ne va pas s’arranger avec la réforme de Jean-Michel Blanquer. C’est la seule instit que je connais qui prend le temps de dire son prénom, c’est dire comme il est apprécié dans la profession. Elle dit aussi que si aujourd’hui elle devait choisir un métier (avec la tournure qu’il prend) elle ne serait pas sûre de faire le même choix. Elle est contente de pouvoir bientôt se reposer, faire du hand, de la calligraphie et écouter Eddy Mitchell ! Merci Christine pour ce beau moment de partage !